Plages des pauvres
Chers amis chasseurs,
La réserve nationale de la baie de Canche et sa plage des pauvres sont un problème récurrent depuis 30 ans.
En effet, un contentieux existe sur le découpage incohérent de cette réserve, qui comme beaucoup d'autres n'ont nullement tenu compte de l'histoire de ces milieux, mais surtout des utilisateurs séculaires de la nature, qui ont préservé, avec leur propre argent, ces joyaux de biodiversité.
Quelques coups de crayons par des technocrates ignorants, et on se retrouve avec des mares de hutte coupées en deux, ou des limites incompréhensibles, qui ne tiennent aucunement compte des chemins existants et des barrières naturelles.
Cela donne forcément un découpage farfelu qui s'aligne sur des clochers et des bouées en mer ; bref, un travail bâclé comme souvent quand on veut mettre sous cloche des territoires au nom d’une écologie dogmatique qui n’a rien à voir avec la défense de la biodiversité.
La plage des pauvres a toujours été le lieu privilégié des bottiers de l'association de chasse locale.
C’est aussi et surtout, comme son nom l'indique, un lieu libre pour tous les utilisateurs de la nature qui ne disposaient pas des moyens nécessaires pour vivre leur passion sur les plages très huppées du Touquet au début du siècle dernier.
Pêcheurs, chasseurs, ramasseurs de coquillages et autres promeneurs et baigneurs fréquentent donc ces lieux depuis des décennies.
Après de nombreux rebondissements politiques et juridiques, il semble que le dernier jugement du Tribunal Administratif interdit désormais l’accès à cette plage aux locaux.
La présidente d'Eden 62, qui gère cet espace, nous a annoncé, il y a quelques jours, que les grillages de fermeture seraient posés courant mars.
De façon autoritaire, on retire encore un espace de liberté de plus aux utilisateurs de la nature, pour que quelques scientifiques ou écologistes de pacotille puissent profiter pleinement de leur nouvel espace d'exclusion de l'espèce humaine.
Avec mon ami, Thierry Forestier, président de l'AMCBDC, nous avons décidé de ne pas accepter cette décision et de nous battre pour que cette chasse populaire des bottiers ne disparaisse pas comme tant d'autres aujourd'hui.
Ce combat est celui du pot de terre contre le pot de fer, mais qu'importe, car ce combat est profondément juste. Il n’est pas pensable que nous laissions l’Etat verrouiller un morceau historique de notre chasse locale, de notre nature et de notre ruralité.
J'ai alerté l’Elysée et je mobilise en ce moment les élus que je rencontre et notamment Gérard Larcher, Président du Sénat, Xavier Bertrand Président du Conseil Régional, Jean-Claude Leroy, Président du Conseil Départemental du Pas-de-Calais et le député de la circonscription, Daniel Fasquelle.
Par ailleurs, de nombreux maires et élus locaux se sont toujours battus pour que cette plage ne soit pas confisquée aux utilisateurs locaux, qui en sont les principaux défenseurs depuis des décennies.
Je verrai également le Prefet du Pas-de-Calais dans quelques jours pour appréhender les solutions qui s'offrent à nous.
Cette action sera de toute façon la dernière, si l'unité politique ne se fait pas autour de ce combat de bon sens. Quand je vois d'ailleurs ce qui s'est passé à Notre-Dame-des-Landes, qu'on ne me dise pas que tout ne peut pas être changé, même si la jurisprudence n'est pas de notre côté.
Avec Thierry Forestier, l'ensemble des élus de la fédération des chasseurs du Pas-de-Calais, ainsi que toutes les associations amies locales, nous voulons livrer ce combat, certes difficile mais très symbolique.
Il faut, qu’ici comme ailleurs, l’on arrête cette spirale infernale qui consiste à mettre sous cloche des territoires et à en exclure les femmes et les hommes qui en sont à la fois les utilisateurs et les défenseurs, souvent sur leurs propres deniers.
WILLY THIERRY
SCHRAEN FORESTIER