Construire une garenne artificielle
En ce début d'année, tous les chasseurs dressent le bilan de la saison cynégétique qui se termine. À quelques exceptions près, on peut dire que pour le lapin, la morosité s'est installée du Nord au Sud de l'hexagone. La question est alors de savoir quelles actions faut-il entreprendre pour espérer retrouver du lapin sur le territoire afin d'améliorer la future saison de chasse.
Il est certain que la régulation des prédateurs est primordiale ; tout comme l'aménagement des territoires de chasse est indispensable. Dans les biotopes de garrigue, par exemple, les chasseurs devront ouvrir le milieu. En effet, un milieu fermé est hostile au petit gibier. De plus, les prédateurs y trouvent la quiétude qui favorise leur prolifération. Le chasseur devra créer des layons et semer des emblavures. Enfin pour coloniser le lapin, il convient d'améliorer son habitat. Et pour Jeannot, lorsque le nombre de terriers naturels est insuffisant, il faut envisager la construction de garennes artificielles.
Quel est l'emplacement idéal ?
Le site d'implantation de la future garenne doit être judicieusement choisi. Dans un premier temps, il faudra éviter la proximité des zones cultivées ; car si les lapins causaient des dégâts aux cultures, votre responsabilité serait dans ce cas clairement établie.
Mieux vaut construire la garenne dans une zone inculte et prévoir autour du futur édifice une culture à gibier composée d'un mélange de blé et de vesces, de luzerne ou de ray-grass.
Avant d'implanter la garenne, il faut tenir compte de la nature du terrain : il doit être sec et bien drainé, plutôt meuble, sans trop de cailloux ; car comme chacun sait, le lapin est un terrassier ; il aime creuser des galeries et marquer son territoire en grattant le sol.
L'ensoleillement est également capital pour faciliter la colonisation. Sont donc à proscrire les sites humides et trop ombragés qui seraient rapidement désertés pat les animaux.
Autre critère qui a son importance, c'est la proximité immédiate d'une zone de couvert broussailleux qui permettra aux lapins, lorsqu'ils seront chassés, de regagner la garenne discrètement. Les terrains découverts sont donc à proscrire pour la construction d'une garenne.
Quels matériaux choisir ?
Une garenne est souvent montée avec les matériaux disponibles sur le terrain : un tas de grosse pierres judicieusement empilées ou encore des souches et troncs de fruitiers récupérés sur place feront l'affaire.
Attention tout de même aux garennes construites à basse de bottes de paille. Elles génèrent à la longue des moisissures qui provoquent chez le lapin certaines maladies telles que l'aspergillose.
A défaut de souches ou de troncs, vous pourrez toujours récupérer une cinquantaine de palettes en bois La base de l'édifice sera préalablement décaissée en profondeur (50 à 70 cm) à la pelleteuse. L'emprise au sol sera d'environ dix palettes. Les palettes restantes seront ensuite empilées par couches successives. Cinquante ou soixante palettes au total permettent de construire une bonne garenne. Le tout sera dissimulé par des pelletées de terre. Un dernier «coup de patte» sera nécessaire pour dégager les deux ou trois trous d'accès qui devront déboucher directement dans la base de la garenne. Il est impératif que ces bouches de terriers soient exposées au soleil levant. Certains chasseurs prétendent que la pose d'une bâche en plastique est déconseillée à cause de la condensation. D'autres assurent qu'une telle étanchéité est nécessaire. Pour ma part, j'ai toujours opté pour la bâche sans constater de problèmes majeurs.
Le dernier coup de pelleteuse sera réservé au creusement d'un futur abreuvoir à proximité de la garenne. il suffira par la suite de le maçonner correctement pour le rendre parfaitement étanche.
Garenne, culture à gibier et point d'eau, vous venez de constituer un "centre d'intérêt" pour le lapin de garenne ; encore faut-il réussir la colonisation d'un tel territoire ?
Comment assurer une bonne colonisation ?
Pour inciter les lapins à coloniser la garenne, il convient de la clôturer sommairement sur un périmètre d'une trentaine de mètres. Dans cette enceinte, il faudra prévoir un apport quotidien de nourriture et d'eau de boisson. L'aliment composé qui se présente sous forme de granulés, acheté dans le commerce, est vivement conseillé. Il évite bien souvent des complications gastriques.
L'eau de boisson sera également traitée contre les coccidies et les strongles.
Une semaine environ après avoir lâché vos lapins, vous pourrez retirer la clôture tout en poursuivant le nourrissage pendant quelques jours.
Dans la mesure du possible, il est toujours conseillé de lâcher des sujets sauvages. Encore faut-il pour cela connaître un territoire où l'on peut effectuer des reprises ? Si tel est le cas, ne séparez jamais un lot de lapins repris dans un même terrier. Il constitue un groupe social, avec des sujets dominants et des sujets dominés ; Le lot complet sera relâché dans la nouvelle garenne.
Il est bien évident que tout sujet lâché doit être vacciné contre la myxomatose et la VHD. Enfin pour conclure, il faut savoir que le lapin à des moteurs nocturnes, voire crépusculaires. De ce fait, les lâchers doivent toujours se faire le matin. Cette précaution diminue les risques de dispersion.